Son histoire aurait pu lui faire haïr la région,
c’est l’inverse qui s’est produit pour Sébastien Vellenoweth tombé amoureux du Béarn.
Une chanson disait « les histoires d’amour finissent mal en général », pour le demi-centre franco-britannique Sébastian Vellenoweth, on a plus envie de fredonner qu’elles démarrent mal en général. Car son arrivée depuis Nantes a plutôt était « cabossée » par les aléas. « Nantes est une trop grande ville, je préfère les villes à taille plus humaine. Au bout d’un an là-bas (il y a passé trois saisons) mon moral a baissé, même si tout s’est bien passé avec le club. Billère m’a redonné goût au hand mais aussi à la vie. » Pourtant c’était effectivement loin d’être gagné. Pour s’imposer à Billère, Sébastian veut bien faire, trop et surtout trop vite. Il ne ménage pas ses efforts. Et le 10 août c’est le pépin, une blessure dite bête va l’éloigner des terrains, il doit se faire opérer de la cheville. L’opération doit avoir lieu sur Bordeaux. Le drame est en route… si l’on ose écrire. Car alors qu’il monte à Bordeaux pour voir le chirurgien, il s’aperçoit qu’il a oublié des documents importants. Il fait demi-tour, les récupère et reprend son chemin. Mais il a perdu beaucoup de temps et il accélère sur l’autoroute. Et c’est l’accident. Sa voiture part sur plusieurs tonneaux, et c’est le trou noir. « Je ne me souviens que de mon réveil la tête ensanglantée dans l’herbe » se remémore-t-il. Mais le destin va faire de lui un vrai miraculé. « Quelques jours auparavant j’avais cassé mon ancien téléphone portable et le nouveau était équipé d’une technologie qui appelle seul les secours en cas de chute anormale ». Grâce à cela, alors qu’il est inconscient son téléphone appelle les secours qui arrivent aussitôt… le bonheur est parfois simple comme un coup de fil…
« Le bout tranchant de la portière à quelques centimètres de mon abdomen »
« Un pompier m’a dit que cela relevait quasiment du miracle. J’ai pris conscience que je revenais de très loin quand je me suis aperçu que le bout tranchant de la portière était à quelques centimètres de mon abdomen » rajoute Sébastian. Il prend immédiatement conscience que la vie vient, malgré la catastrophe, de lui envoyer un message positif, lui qui en a souvent cruellement manqué dans sa vie personnelle. Dès lors, il se réfugie dans la foi : « Chaque jour je remercie Dieu d’être là, à travers la religion j’ai trouvé mon équilibre de vie. J’ai conservé le bracelet que j’avais à l’hôpital après mon accident et je l’ai accroché chez moi telle une relique pour ne jamais oublier ». Tout comme il n’oublie pas le soutien de ses coéquipiers et de l’ensemble du club durant ses galères : « J’ai reçu des messages forts et je suis tombé amoureux de cette région que je ne connaissais pas. Tout me plaît ici, les paysages, la culture, les gens, je m’y plais vraiment beaucoup. » Quoi de plus normal en somme ? Rappelons que Sébastian est né Anglais, et l’histoire d’amour entre Pau et les Anglais ne date pas d’hier ! « Pau ville anglaise » c’est bien plus qu’un ancien slogan. « Je ne savais pas que l’histoire de la ville était reliée avec l’Angleterre, comme quoi, il y a vraiment des signes du destin. » Comme s’il voulait dire que sa destinée était de venir un jour poser ses valises et sacs de sports à Pau.
« Pourquoi irai-je voir ailleurs ? »
Un drame aurait pu le voir disparaître dès son arrivée, au final il veut vivre intensément dans ce coin de France « Evidemment je suis ambitieux, mais pourquoi irai-je voir ailleurs si c’est pour jouer en proligue. Pour moi Billère c’est le lieu parfait, tant au niveau sportif qu’humain.» Avant d’arriver, il avait été prévenu par des anciens de la maison « bleue » qui lui en avaient vanté les atouts : « Mon entraîneur Pierre Le Meur, avec qui j’avais d’excellentes relations, m’en avait dit le plus grand bien, tout comme Mathis Beauchef, aujourd’hui à Besançon. Mais j’ai également connu Thibault Lemai au pôle ». L’arrière gauche du centre de formation du BHB a fini de le convaincre. Avec un début de saison aussi compliqué pour lui, Sébastian espère que la fin sera synonyme de bonheur. Plus que jamais, il a la foi en sa bonne étoile qui veille sur lui, il en est certain : « Après un début de saison de cauchemar, nous pouvons réaliser de grandes choses en nous mêlant à la lutte pour les play-offs. Tout ceci était inespéré, et si nous l’avons bien entendu un peu aidé, le destin a basculé en notre faveur. » Exactement comme pour son histoire personnelle.
Fabrice Borowczyk
Photos : David Le Déodic (Merci à lui)